La voix naissante du silence
Là où les mots partent en voyage, reste le silence. Et ce n’est pour autant ni un vide, un rien, un blanc mais un temps de naissance à ce qui, en soi, aspire à respirer. Ce souffle de vie, effluve de la Présence, pénétrant le cœur humain lassé de battre et de se battre pour l’illusion mais heureux de palpiter pour ce qu’il est. Un renoncement face au grandiose. Un souhait de faire alliance avec lui-même.
Unité d’être à l’effondrement des dualités. Ces incessantes guéguerres entre la voix du mental et la sagesse de l’âme. Perdu sur ses propres champs de bataille, l’humain s’égare douloureusement, s’époumone inutilement. Alors, lorsque le retour à la conscience se manifeste, l’intensité des discours intérieurs diminue. La braise attisant le feu intérieur se consume à la paix retrouvée par cette union en soi.
Il convient, dans les habitudes sociétales, de combler les temps de silence parce que trop dérangeants. Il faut occuper l’espace, le terrain. Et pourtant, au cours du cheminement spirituel, le besoin de se délester de tout verbiage se montre primordial. S’écrit cette évidence qu’il est des silences plus parlants que des discours sans fin. C’est percevoir l’écho de sa profondeur, cette Intelligence de vie où aimer est le verbe essentiel. Et l’amour est la voix communicante depuis le silence en soi.
Au Silence de Soi
Un retrait sans fanfare,
sans crier gare,
pour rejoindre le Silence,
hôte de bienveillance.
Ecouter son langage,
le vent pour tout bruitage.
Être en Présence
à soi en conscience.
Marcher sur le sable doré,
les grains chatouillent tes pieds.
Une absence au brouhaha extérieur
pour entendre ta voix intérieure.
Cette sagesse,
l’amie de tes détresses,
ta compagne,
là où tu bats la campagne.
Tu respires le calme de la vie
que le ciel se pare de bleu ou de gris.
Tu perçois les mots,
ils coulent à flot.
Résonance des notes de ton âme,
à l’aube d’un jour qui s’enflamme.
Tu esquisses tes propres pas,
heureuse d’être ici et là-bas.