Comment s'aborder sans se saborder
Arpenter le chemin de ses blessures émotionnelles se révèle souvent chaotique par le regard porté dessus. Ce regard d’enfant meurtri qui a mémorisé l’impact dans son cœur. Un sac de cailloux peu encombrant en apparence, mais dont le poids pèse si lourd des années après. Et pourquoi pèse-t-il si lourd à l’âge adulte ? Tout simplement, par ignorance des conséquences engendrées au moment des faits et qui ont fermentées sournoisement.
C’est la raison pour laquelle aborder des aspects de soi peut sembler facile dans un premier temps parce qu’on ne connait pas l’ampleur des malaises. Si on prend des exemples d’événements, relatés par divers membres d’une même famille, on constate qu’ils ne portent pas du tout la même couleur selon la personne qui les raconte. A l’écoute de ce qui est dit, des contestations émergent car chacun a vécu à sa manière telle ou telle situation. C’est ainsi que peuvent apparaître des conflits des années plus tard par des « relents » de l’enfance apparaissant lors d’événements sollicitants.
Il en est de même pour soi. Face à des épreuves, on se trouve en prise avec nous-même. L'intempestivité de certaines réactions peut nous surprendre. Ces comportements, non maîtrisés, reflètent des remontées émotionnelles résultant du passé. On ignore leur véritable contenu. Celui-ci se dévoile au fur et à mesure des prises de conscience et par un travail intérieur approfondi.
Aussi, se côtoyer sans se faire de mal, c’est comme enfiler ses perles émotives sur le meilleur fil qui soit, car chacune d’elles a laissé des traces dans l’être. De ce fait, les détecter demande humilité en ne portant pas de jugements hâtifs et négatifs, compassion en ouvrant son cœur sur la honte ressentie, discernement en replaçant les faits dans leur contexte, intelligence en remplaçant les mensonges par les vérités, amour face aux regards critiques sur soi.
Par conséquent, dès l’instant où les premières compréhensions soulagent le corps émotionnel, une mutation interne se manifeste, les plaies peuvent ainsi cicatriser. Une détente se ressent par l’ouverture du cœur. On poursuit notre route de manière plus douce en abordant des parties de soi sans pour autant se saborder.
Laurence Pellan
Accompagnatrice psycho-spirituelle