Cœur de Lumière
Profiter de ce temps qui s’offre pour emprunter un chemin méditatif. Premiers pas dans une allée recouverte de feuilles multicolores. Les arbres se parent de nuances mordorées sous un ciel azur. Les rayons du soleil filtrent, accentuant des détails qui embellissent le paysage. Sentiment de se fondre dans le tout en prenant conscience, que chaque élément se trouve à sa place, mettant en évidence, la particularité de toutes les présences. Chacun existe par son unicité mais c’est l’ensemble qui respire harmonieusement dans ce tableau si vivant. Sans doute, la nature souligne-t-elle, que même si l’humain se distingue par son individualité et suit un itinéraire personnel, il n’en reste pas moins que tous les êtres sont interconnectés.
La nature est source d’inspiration à l’écoute de son langage initiatique. Elle enseigne tellement dans sa douceur automnale. Découverte de feuilles, au fil des pas, en forme de cœur, déposées sur le sol, dont la robe jaune d’or brille au soleil, semant une belle lumière. Les arbres entament leur dépouillement et se reflètent dans la transparence de l’eau, comme un rappel de l’importance de renoncer à l’hier, simplement parce qu’il n’existe plus. Bien souvent, nous accrochons des tableaux de notre existence, mémoires d’antan, dans notre résidence intérieure, donnant une impression de sécurité, pour perpétuer un « semblant » de vie. Que retenons-nous avec tant d’insistance ?
La pensée danse au souffle du vent en observant la chute des feuilles. Elles conservent leur magnifique beauté et jouent jusqu’au bout avant d’être à terre. Démonstration d’un détachement heureux parce qu’elles sont libres de toute illusion. Et nous, que souhaitons-nous absolument garder ? Qu’avons-nous peur de quitter ? Cette difficulté à lâcher-prise est liée à l’identité. Nous associons le « je » à la perte, alors que c’est seulement une partie de soi qui est concernée. A cette idée, est-t-il plus aisé de se départir de nos « feuilles » de route du passé ?
Puis, la promenade se termine et une longue allée se profile. Au sol, le regard se pose sur des feuilles noircies mêlées aux feuilles lumineuses. Le temps fait son œuvre pour chacune d’entre elles, mais elles gardent leur forme initiale. Elles évoquent un cœur ombré, comme une mort initiatique, témoignant de l’amour, amour de ce qui a été sans regret, amour de ce qui est sans critique, amour de ce qui sera sans peur.
Finalement, au-delà de toute décomposition, perdure l’Essence du Vivant, l’Amour. Peut-être que la nature invite chaque être, afin de l’aider à dépasser des pensées limitantes à son sujet, à se souvenir de ce qu’il est véritablement, un Cœur de Lumière prêt à rayonner ?
Laurence Pellan